Le film de Farah Nabulsi «Le Cadeau» vient d’être nominé aux Oscars, ainsi qu’aux Bafta britanniques (British Academy of Film and Television Arts). Il est déjà disponible sur Netflix. Court simple et très émouvant.
«Le jour de son anniversaire de mariage, Youssef emmène sa fille Yasmine en Cisjordanie pour acheter un cadeau à sa femme. Entre les soldats, la ségrégation routière et les postes de contrôle, pas facile d’aller faire les courses».
Très touchant, ce court-métrage de 24 minutes ! Il est à classer parmi les rares films de ce format qui communiquent une très forte émotion en si peu de minutes. Et pour cause ! Une écriture très bien maîtrisée et qui ne laisse la place à aucune fioriture… Des personnages magistralement interprétés par Saleh Bakri et Maryam Kanj… Respectivement le père et la fille. Tout commence pourtant par une matinée ensoleillée dans une maison coquette. Une mère, un père et sa fille. Puis le père emmène sa fille pour faire des courses. Le film décrit une tranche de la vie quotidienne de ces milliers de Palestiniens obligés de passer par plusieurs barrages installés par les Israéliens dans leur propre terre. Un enfer au quotidien ! Le père, Youssef, en traversant l’un des barrages est humilié devant sa fille et est obligé de courber l’échine. C’est pendant ce moment-là que l’écriture, l’image et le montage nous communiquent le plus d’émotion et, à notre sens, c’est le tour de force de ce film qui réussit à nous faire sentir qu’on est aussi bien le père que la fille… Sur le chemin du retour, Youssef n’échappe pas à la provocation des soldats israéliens non plus et c’est là que le film nous surprend avec une chute d’une grande intensité.
La réalisatrice de ce film, Farah Nabulsi, est anglo-palestinienne et il s’agit là de son premier court-métrage de fiction. Fille de Palestiniens qui ont eu la chance de s’installer en Grande-Bretagne dans les années 1970, Farah Nabulsi fait son éducation à Londres. Elle commence sa carrière en tant que courtier institutionnel en actions et obtient le titre de Corporate Finance Advisory (CFA) chez JP Morgan Chase, avant de créer une institution axée sur les enfants qu’elle a dirigée pendant 10 ans.
Défenseure acharnée des droits de l’Homme, ce n’est qu’en 2015 qu’elle commence à s’orienter vers l’industrie cinématographique et à y travailler.
Un nouveau langage qu’elle adopte pour défendre son peuple opprimé. C’est donc à travers la société de production qu’elle fonde que la cinéaste écrit, produit et réalise des films de fiction, explorant des sujets chers à son cœur. Dans une interview qu’elle a accordée à Sky News lorsque son film a été nominé aux Oscars, la réalisatrice a déclaré : «C’est un film sur la liberté de mouvement à travers une histoire très simple. Avec la pandémie de la Covid-19, nous avons vu à quel point nous avons souffert de la restriction de la liberté de mouvement et tous nos déplacements étaient sous contrôle. Pourtant, nous vivons cette situation pour une période déterminée et pour préserver notre santé, mais les Palestiniens, eux, vivent cette situation depuis plusieurs années et dans des conditions inhumaines. Bien entendu, mes racines palestiniennes y sont pour quelque chose, mais le fait que je me suis déplacée là-bas et que j’ai vu cette situation cruelle et humiliante de mes propres yeux, cela a été pour moi une source d’inspiration».